Milord D' Ossery à Lady Henriette, lundi à
Erford.
vous écrivez, belle Henriette, à Milady Catesby ;
on a reconnu votre main, vos armes ; mais à qui
remettre votre lettre ? Est-il encore au monde une
Milady Catesby ? Ce n' est pas, du moins, à Erford
qu' il faut la chercher. Si, à la place de cette amie
si chere à votre coeur, vous voulez en accepter une
nouvelle, Milady D' Ossery est prête à répondre à
vos tendres félicitations. Elle a ouvert votre lettre
avec une liberté dont vous serez peut-être étonnée ;
mais quels droits n' a pas cette femme charmante !
Cette Juliette... elle est à moi, pour jamais à
moi ! Plus de Milady Catesby ; c' est ma femme, mon
amie, ma maîtresse, le génie heureux qui me rend tous
les biens dont j' étois
p171
privé. Permettez-moi de vous remercier du désir généreux que vous aviez qu' elle me pardonnât. Elle l' a fait ; elle a mis dans cet acte de bonté toute la noblesse de sentiments dont vous la connoissez capable ; hier fut le jour à jamais fortuné... Milady D' Ossery. eh bien, cet indiscret, il ne me laissera rien à vous dire. ô ! Ma chere Henriette, ils étoient tous unis contre moi ; on ne m' appelloit ici que pour me conduire dans le piége préparé : ma cousine conduisoit la conjuration ; on ne m' a pas donné le tems de respirer. Un amant repentant à mes genoux, des parents chéris, priant pour lui ; un coeur tendre, le ministre présent... en vérité, on m' a mariée si vite, si vite, que je crois, de bonne foi, que le mariage ne vaut rien. Milady D' Ormond est si vive... si absolue...