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Madeleine Jeay




Dès le Décaméron de Boccace, les auteurs de recueils de nouvelles adressent leur ouvrage aux « aimables lectrices ». D’abord insérée dans le prologue à la collection des nouvelles, cette adresse se détache au XVIe siècle, sous la forme d’une dédicace aux dames, en général pour affirmer l’intention de l’auteur d’œuvrer à la défense de leur honneur et de leur gloire. Cette dédicace de la part d’un auteur qui se prétend leur humble serviteur, voisine dans l’appareil liminaire des recueils, avec un échange d’épîtres ou de poèmes, entre des lecteurs masculins qui peuvent être identifiés comme faisant partie du même cercle de littérateurs. Cette double destination est source d’ironie dans la mesure où elle permet d’instaurer une complicité entre auteurs et d’affirmer leur distance à l’égard des destinataires. Il serait abusif, toutefois, de lire cette ironie au premier degré, sans faire la part qui lui revient au caractère stéréotypé de l’image féminine ainsi projetée et des formules qui la mettent en scène. Nous verrons, à travers une observation diachronique de l’appareil paratextuel de ce corpus narratif, comment se manifeste l’ambiguïté des intentions du « tres humble et affectionné serviteur » à l’égard des « sages et vertueuses dames de France » (Les comptes du monde adventureux, éd. Félix Franck, Genève, Slatkine Repr., 1969, t. I, p. 4).




SvD, February 2009




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