Jump to: navigation, search


Daphne M. Hoogenboezem




Les « cabinets » et les fées :
Compilations de contes et représentation du merveilleux au XVIIIe siècle.


Rétrospectivement le Cabinet des fées (1785-1789) du chevalier Louis de Mayer peut paraître un chef d’œuvre isolé, unique tant par l’ampleur du projet que par le raffinement des illustrations. Si le caractère monumental des 41 volumes illustrés de nombreuses planches est incontesté, la compilation n’est pas sans prédécesseur. Plusieurs compilations contenant des contes de fées d’auteurs variés paraissent aux Pays-Bas dès le début du XVIIIe siècle, dont certaines portent le même titre. La compilation de Mayer fait donc partie d’une tradition éditoriale, et qui plus est, d’une tradition éditoriale qui valorise l’illustration. Cette communication se propose d’offrir un panorama de ces compilations ayant paru avant celle de Mayer. La comparaison des ouvrages contenus dans les « cabinets » successifs et de leur présentation au public à travers des (para)textes et des illustrations laisse entrevoir l’évolution du conte de fées.

L’illustration peut être considérée comme un paratexte, puisqu’elle dirige l’interprétation du texte, voire la réception du genre en entier. Cette fonction de l’illustration est particulièrement importante dans le recueil de contes. En effet, un débat intertextuel sur la définition du nouveau genre commence presqu’aussitôt après le début de la vogue, qui est lancée dans les salons parisiens au XVIIe siècle finissant. Les visions des auteurs se dessinent à travers un jeu de références dans lequel, outre le texte, l’illustration joue un rôle important. La mode atteint son apogée au cours des années 1697 et 1698, pendant lesquelles 58 contes sont publiés, dont 45 sont illustrés. Cependant, au début du XVIIIe siècle la vogue s’atténue et les éditions illustrées deviennent plus rares.

Les compilations hollandaises prennent le relais dans le processus de définition. Dès 1711 une première compilation paraît chez Estienne Roger à Amsterdam. Le même éditeur fait revivre la vogue du conte dans une seconde compilation publiée en 1717 et illustrée de cuivres nouvelles. Une troisième série d’illustrations orne la compilation de Marc Michel Rey (1754-1773). Après avoir esquissé brièvement l’évolution du genre du conte de fées telle qu’elle se dessine à travers les différents « cabinets », nous regarderons un peu plus en détail l’influence des prédécesseurs sur les illustrations de Clément-Pierre Marillier, notamment dans la représentation du merveilleux.


SvD, June 2011




Personal tools