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Mardi, de Summerhill. Mardi, de Summerhill.
-'''C'est au grand trot de six forts chevaux, avec des+'''C'est au grand trot de six forts chevaux, avec des relais bien disposés, l' air de l' empressement, que je vais très-vîte, accompagnée de gens dont je me soucie peu, chez d' autres dont je ne me soucie point
-relais bien disposés, l' air de l' empressement, que+du tout.''' J' abandonne mes amis les plus chers ; je vous quitte, vous que j' aime si tendrement : eh ! Pourquoi ce départ, cette hâte ? Pourquoi me presser d' arriver où je ne désire point d' être ? Pour m' éloigner... de qui ? ... de Milord D' Ossery... ah ! Ma chere
-je vais très-vîte, accompagnée de gens dont je me+
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Henriette, qui m' eût dit que je l' éviterois un Henriette, qui m' eût dit que je l' éviterois un
jour ? '''N' est-ce pas le même objet dont la privation jour ? '''N' est-ce pas le même objet dont la privation

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Lettre I




Mardi, de Summerhill.

C'est au grand trot de six forts chevaux, avec des relais bien disposés, l' air de l' empressement, que je vais très-vîte, accompagnée de gens dont je me soucie peu, chez d' autres dont je ne me soucie point du tout. J' abandonne mes amis les plus chers ; je vous quitte, vous que j' aime si tendrement : eh ! Pourquoi ce départ, cette hâte ? Pourquoi me presser d' arriver où je ne désire point d' être ? Pour m' éloigner... de qui ? ... de Milord D' Ossery... ah ! Ma chere Henriette, qui m' eût dit que je l' éviterois un jour ? N' est-ce pas le même objet dont la privation forcée a pensé me couter la vie, qui pendant deux ans fut toujours présent à mon idée, que tout me retraçoit, et que rien n' a pu me faire oublier ? Je fuis donc pour ne pas rencontrer ces yeux que j' ai cherchés avec tant de plaisir, où mon destin me sembloit écrit, dont les regards régloient autrefois tous les mouvements de mon ame. Etrange changement ! Comment des effets si différents peuvent-ils provenir d' une même cause ! Mon dieu, que j' ai été surprise de le voir ! Que son air triste, que ce grand deuil m' a frappée ! ... qu' il étoit bien ! Que sa femme a dû regretter la vie ! Qu' en me retirant, j' ai eu de peine à ne pas tourner la tête ! Dans quel état cette vue ! ... mais concevez-vous qu' il ait osé se présenter à ma porte, insister pour me voir, m' écrire, imaginer que j' ouvrirois ses lettres ? ... en vérité, cet homme est audacieux... eh ! Ne le sont-ils pas tous ? ... n' en parlons plus : ah ! N' en parlons jamais.

Je suis encore étonnée de ma démarche. Je me dis à chaque instant que j' ai bien fait : je me le dis ; mais je ne le sens pas assez. Je cherche des raisons de m' applaudir du parti que j' ai pris ; j' en trouve, mais c' est dans ma fierté seulement. Ma chere, j' éprouve que le coeur ne goute pas ces foibles adoucissements dont l' amour-propre se fait des consolations.

Enfin, je suis partie ; me voilà à cinquante milles de Londres, et je ne suis point morte ; [...]




SvD, November 2008




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