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Réseaux de femmes auteurs dans l’Europe médiévale



by Madeleine Jeay

Ma présentation s’inscrit dans la réflexion sur les questions relatives à l’opposition entre le local et le global. Je m’attacherai à trois groupes de femmes dont l’écriture et les activités créatrices se font sous forme d’échanges autant avec des hommes qu’avec d’autres femmes. Au milieu du XIIIe siècle, les femmes troubadours composaient de la poésie dans la partie méridionale de ce qui n’était pas encore la France. L’élément unificateur était la langue, l’occitan littéraire, dans une zone qui s’étend en Catalogne et en Italie. Plusieurs de leurs compositions, la plupart conservées dans des manuscrits catalans et italiens, consistent en débats avec des troubadours et d’autres femmes. Ces échanges s’étendaient aux mécènes parmi lesquels des bienfaitrices qui ont joué un rôle important pour la promotion de la poésie de part et d’autre des frontières.

Le second groupe est relié aux abbayes de Barking et de Chatteris en Angleterre ou plutôt dans les possessions anglo-normandes d’Henri II Plantagenêt. Les nonnes de ces abbayes ont écrit au XIIe siècle, des vies de saints qui passent pour être les plus anciens témoins d’œuvres littéraires rédigées en français. Au-delà du cercle étroit des communautés religieuses, elles ont été lues à la cour royale et dans le public féminin des familles de l’aristocratie et de la haute bourgeoisie.

Le troisième groupe, celui des béguines belges du XIIe siècle, a eu un impact considérable, jusqu’au XVe siècle, sur la spiritualité féminine dans plusieurs pays européens –la Hollande, l’Allemagne, la Suisse, la France, l’Angleterre- où les écrits qu’elles ont rédigés ou inspiré, ont circulé.

Pour chacun de ces groupes, j’observerai comment se tissent les réseaux d’influence de ces femmes dont certains transcendent les communautés locales pour s’étendre, dans le cas des béguines, à l’espace européen.






AsK, September 2012



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